Dès le premier coup d’œil, difficile de ne pas lui trouver un air de famille avec l’Apex d’ImpulseRC ou l’AK-47 de la Team Mistral. La petite touche nordique, illustrée par son nom et ses motifs runiques lui donne une identité originale. Mais dans les airs, fait-il aussi bien que ces 2 excellentes frames ? Après tout, en ancien scandinave, le Drakkar est une référence aux dragons !
Le test en vol
Présentation du Drakkar
Avant d’entrer dans les détails, intéressons-nous un instant aux caractéristiques de ce châssis made in France, conçu et produit par Lethal Conception, la marque du shop FR, Drone FPV Racer :
- Format 5″, compatible sans problème avec les hélices 5.1″
- Bras de 6mm d’épaisseur
- Architecture Wide-X (ou « Squished« ) : soit un « X » étiré, qui permet de limiter la surface d’hélices visibles dans le retour FPV
- Taille : 222 mm
- Compatible numérique (Vista, emplacement 20×20 mm à l’arrière) et analogique
- Supporte les stacks centrales en 20×20 mm et 30.5×30.5 mm, dans les 2 cas, les bras sont dissociés de la stack. Trous de 3 mm de diamètre.
- Taille de caméra : format Micro (19mm)
- Fixations moteurs : 16×16 mm et 19×19 mm
- Poids : 134 grammes (121 grammes sans les TPU/liPo pads)
Qualité du carbone et de la découpe
Il s’agit de carbone T300, plutôt standard dans le hobby, même si on trouve quelques frames en T700. Visuellement, il est propre, la surface est mate avec un rendu légèrement soyeux.
La découpe est précise : pas besoin de limer quoique ce soit, les pièces sont ajustées et s’alignent parfaitement. Les « side plates » caméra entrent en légère force dans les trous prévus sur les top et bottom plates.
Les bords de l’intégralité des pièces sont chanfreinés. Cela peut paraître évident pour un châssis haut de gamme, ce n’est pourtant pas le cas sur l’Apex malgré son prix plus élevé.
A la fin du montage, j’avais de très légères marques de carbone sur les mains. N’hésitez à rincer les pièces avant le montage pour éliminer le peu de poussière de carbone restant, essentiellement les emplacements prévus pour accueillir les pads liPos autocollants.
Pour finir, les épaisseurs des différentes plaques de carbone sont bien respectées, à savoir :
- Bras : 6 mm
- Top plate : 2.5 mm
- Middle plate : 2 mm
- Bottom plate : 2.5 mm
- Camera plates : 2 mm
Les accessoires TPU
Plusieurs prints TPU sont inclus dans le package : protections de bras, support d’antenne Crossfire et 2 supports d’antennes VTX.
En bonus, comme c’est le cas pour les châssis de la Team Mistral, les fichiers STL des prints sont disponibles sur Thingiverse (ce n’est pas le cas chez Dauch par exemple). C’est un plus vraiment appréciable. A noter qu’on y retrouvera, en complément des prints fournis : bumper avant, support pour caméras avec un tilt de 30° ainsi qu’un support universel pour case GoPro.
Je ne suis pas fan des vis moteurs qui se serrent dans le TPU des protections de bras. Je les ai donc modifiées. Au passage, elles perdent un peu de poids et gagnent des « landing pads ».
J’ai aussi réutilisé la base de support caméra fournie pour faire un support Session 5 plus classique, à 25° et compatible avec les filtre ND TBS.
Enfin, comme je vole en Tracer et que je préfère utiliser les connecteurs d’antenne type TBS, j’avais besoin d’un support spécifique. L’espace des entretoises étant le même que sur l’AK-47, j’ai modifié un support de la Team Mistral que j’utilisais déjà sur mes AK-47.
La visserie
Fait assez rare pour être souligné, toute la visserie nécessaire est fournie :
- Longues vis traversantes pour la stack (M3), spacers aluminium et écrous
- Vis M2 pour le Vista et écrous
- Toutes les vis nécessaires pour les moteurs (M3 10mm)
- Vis caméra (x5)
- du spare de tout
Montage
Je crois n’avoir jamais eu de frame en BUS aussi facile à monter. Un plan de montage très soigné est disponible sur le site de DFR.
Pas de « sandwich plate » sur le Drakkar : la bottom plate est en 2 parties qui se chevauchent et prennent les bras en sandwich.
La plupart des vis sont à tête fraisée. Cela évite les têtes saillantes, qui pourraient endommager la lipo ou être exposées lors de crashs, surtout sous le quad.
Les insert M3 (pressnuts) sont bien ajustés et faciles à insérer dans le carbone, à l’aide d’une vis classique et d’un tournevis.
Les pressnuts sont assez excentrés, rien ne vient gêner sous les ESCs qui peuvent être rabaissés sans risquer le court-circuit. Les 4 bras se rejoignent au centre, ce qui contribue à leur « verrouillage ». On pourrait craindre que l’absence d’un pressnut central pour serrer davantage les bras pose problème, mais comme nous allons le voir, ça ne semble pas être le cas.
Un peu comme le Foxeer Aura, le bus est plutôt long, comptez 2 cm de plus qu’un AK-47 ou qu’un Apex. En hauteur, on gagne 2 mm comparé à ces 2 même frames, soit 22 mm. Le build est donc assez spacieux. On peut même caser 2 condensateurs derrière la caméra et disposer d’un espace conséquent entre la stack centrale et la stack arrière, permettant d’y loger par exemple un buzzer et/ou un RX.
Le mauvais côté, c’est que les 12 cm de la nappe DJI deviennent assez limite. Avec mes 2 condensateurs à l’avant, la nappe était trop tendue à mon goût, j’ai préféré la remplacer par une nappe de 20 cm.
Maintenance
A noter que toutes les pièces de spare sont disponibles unitairement chez DFR. Et le fait que le Drakkar soit produit par DFR est rassurant quant à la possibilité d’obtenir du spare de manière durable.
Enfin, et c’est pour moi l’un des critères les plus importants : les bras sont dissociés de la stack. Ca limite un peu les vibrations transmises à la FC, mais surtout, ça permet de les remplacer très rapidement sur le terrain, simplement 2 vis à retirer.
Qualité de vol
Avec un poids situé entre celui de l’AK-47 et de l’Apex, le Drakkar n’est pas une frame légère. On dira qu’elle se situe plus dans la moyenne haute des châssis Freestyle.
Le tune n’a duré qu’une ou 2 liPos pour obtenir quelque chose de très convenable pour cette première session. J’ai eu la même bonne surprise qu’avec l’Apex : extrêmement facile à tuner. On obtient très vite un bon résultat avec un tune qu’on peut pousser assez fort : les moteurs restent froids.
Un coup d’œil à la blackbox confirme le ressenti. Aperçu d’un court vol de tuning (40 secondes de flips et rolls secs, manœuvres à prop wash, pompage des gaz…) :
Très peu de vibrations, à part un pic très mesuré (et habituel) autour des 225hz. A part sur l’Apex, j’ai rarement vu aussi propre.
On remarque aussi un petit pic à très haute fréquence (~500 hz), essentiellement sur le roll, qui se manifeste lorsque les gaz sont au minimum, je pense que ça correspond à la résonnance aigüe que l’on entend dans la vidéo, lorsque les gaz sont coupés :
Je ne pas sûr d’en connaître l’origine, j’avais constaté la même chose sur l’AK-47 avec des Ethix P3, mais cela n’affecte pas le vol. Je m’en suis simplement aperçu en regardant/écoutant les rushs.
La vidéo de l’article vous donnera une idée de son comportement en vol.
Durabilité
Elle n’a fait qu’une première session d’une dizaine de lipos, il est trop tôt pour faire un retour d’expérience. Sa rigidité et ses bras de 6 mm sont tout de même rassurants à cet égard. Et s’ils venaient à casser occasionnellement, ils sont faciles à remplacer.
Est-ce que l’allongement du bus pourra s’avérer une faiblesse en terme de solidité ? Le temps nous le dira !
Le build
Pour propulser ce dragon dans les airs, on a opté pour :
- Des moteurs Brother Hobby LPD 2306.5 2000 KV (feu) avec des Ethix P3
- Une stack Diatone Mamba F22 APP… pleine de mauvaises surprises (gyro défectueux sur la FC, ESCs bridés à cause de la pénurie actuelle de composants électroniques), heureusement un support Diatone assez réactif et transparent
- Un Vista et sa Nebula Pro
- Un TBS Tracer
- 2 condensateurs de 35V 1000 µF + un spike absorber
Pour en savoir plus concernant ce build, n’hésitez pas à faire un saut dans la rubrique DroneBuilds du forum.
Un sans faute ?
Presque, mais pas tout à fait : on aura tout de même quelques reproches à lui faire. Rien de méchant, et souvent facile à corriger, on espère que DFR nous lira :
- Avec une Nebula Pro, en 4/3, même en utilisant les trous de montage dédiés les plus avancés, avec un tilt de 25°, le bord avant du support caméra est visible dans le retour vidéo. Sans ce support (ou en 16/9), le retour FPV est complétement dégagé. Ça ne se joue donc qu’à très peu de choses et ça serait facile à corriger. Ce n’est pas grave mais tellement dommage, c’est quand même agréable d’avoir un champ de vision complet.
- Les motifs runiques sont aussi jolis qu’originaux, mais on aurait apprécié davantage de points d’attache sur la bottom plate, pour fixer les composants plus librement avec des rislans. On pense notamment aux trous à l’avant, qui ne laissent que peu d’options pour fixer le(s) condensanteur(s). J’ai du « ruser » pour en placer 2. Idem à l’arrière, on aurait aimé quelques trous supplémentaires pour fixer un RX ou un buzzer sur la bottom.
- On en a parlé plus haut, la nappe DJI standard de 12cm s’avère un peu juste. Si le câble n’a pas trop d’obstacles entre la caméra et le Vista, ça doit pouvoir passer de justesse, mais un câble de 20 cm apportera nettement plus de marge.
- Pas d’option pour des bras de 5.5 ou 6″, ça viendra peut-être plus tard.
Le bon prix ?
Proposé au prix de 89.90€ sur le site de Drone FPV Racer, le Drakkar se positionne comme un châssis haut de gamme. Un prix comparable au AK-47 de la Team Mistral et un poil en dessous de la Sloop de Pirat ou la Gravity de Fred Dauch.
Compte-tenu de la visserie ultra complète, des TPU fournis (et STL disponibles sur Thingiverse), du carbone chanfreiné et de sa fabrication française, le prix reste cohérent.
A titre de comparaison, l’Apex d’Impulse RC, non chanfreinée, sans visserie moteur est vendue une centaine d’euros.
Conclusion
« La simplicité est la sophistication suprême »
Léonard de Vinci 😉
Outre son look original et sympa, je suis conquis par sa simplicité : facile à monter, facile à maintenir et un design efficace : ça vole très bien. Cette frame va venir titiller mon setup principal, pour le moment à base d’Apex, une fois que j’aurai finalisé le tune.
C’est très subjectif, mais mes principaux critères pour une frame Freestyle étant…
- la qualité de vol (vibrations, équilibrage, rigidité…)
- la solidité (bras épais)
- la facilité à remplacer des bras
- Peu d’hélices dans le FOV
- le design… un peu quand même 🙂
… le contrat est honoré. J’ai pu contourner les contraintes concernant la fixation des 2 condensateurs et la longueur de la nappe DJI. Il reste le support de caméra légèrement visible dans le FOV en 4/3 : c’est un détail, mais c’est frustrant, d’autant qu’un décalage d’un millimètre suffirait à le faire disparaître !
N’hésitez pas à partager vos retours ou questions concernant ce châssis, sous cet article, ou directement dans le topic dédié sur le forum.