Sortie il y a plus de 5 ans, la Session5 a longtemps été la caméra préférée des pilotes Freestyle, elle reste encore très utilisée. Au grand désarroi de la communauté, GoPro n’a plus proposé de caméra à ce format.
Il y a quelques mois, on découvrait la DJI Action 2, avec un form factor comparable, mais des caractéristiques remises au goût du jour.
La relève est-elle enfin assurée, pour le plus grand plaisir des freestylers ?
Introduction
Dans cet article, nous allons nous concentrer essentiellement sur une utilisation de la DJI Action 2 avec nos drones FPV. Ses usages ne se limitent évidemment pas à la pratique du FPV (sport, VLOG, Webcam…), mais de nombreuses autres reviews traitent déjà de ces aspects.
Un topic sur le forum lui est consacré et fourmille d’informations, de retours utilisateurs et d’extraits vidéo, n’hésitez pas à y jeter un œil.
La gloire du format cubique
La GoPro Session5 avait la particularité d’avoir la forme d’un cube, contrairement à la plupart des dernières GoPro Hero, au format « parpaing ».
Ce form factor permet d’avoir une caméra légère et compacte, l’idéal pour limiter son influence sur le comportement du drone. En y ajoutant une robustesse exemplaire et une excellente qualité d’image (pour l’époque) ainsi que le Superview, tous les ingrédients étaient réunis pour en faire la référence en matière de Freestyle.
Mais en 5 ans, la technologie a évolué, sans parler du problème de disponibilité. Nombre de freestylers ont décidé de passer sur des GoPro plus récentes (Hero7 et 8 en particulier) pour bénéficier d’une meilleure image, définition, frame rate etc., quitte à ajouter une cinquantaine de grammes à leur quad et dégrader le centre de gravité.
C’est finalement DJI, qui tente de répondre à nos attentes avec cette Action 2 : plus petite, plus légère et au goût du jour.
La review en vidéo
Caractéristiques
Voici un condensé de sa fiche technique en comparaison de la GoPro Session5:
DJI Action 2 | GoPro Hero5 Session | |
Poids | 56g | 73g |
Dimensions | 39 x 39 x 22,3 mm | 38 x 38 x 36 mm |
Résolution 16/9 | Jusqu’à 4K/120fps | Jusqu’à 4K/30fps |
Résolution 4/3 | Jusqu’à 4K/60fps | Jusqu’à 2.7K/30fps |
Ecran | OLED 1.76″ 350 ppp | – |
Capteur | CMOS 1/1,7″ | CMOS 1/3.2″ |
Objectif | FOV : 155° f/2,8 | |
Stabilisation | RockSteady 2.0 | Négligeable |
Débit max | 130 Mb/s | 60 Mb/s |
Mémoire | 22.3 Go internes | Carte SD |
Autonomie annoncée | 1h10 | 1h30 |
Autonomie réaliste | ~23 min @4K 30fps | ~35 min @4K 30fps |
Module secondaire | Carte SD + batterie | – |
Retrouvez l’intégralité des spécifications sur le site officiel DJI.
Elle pèse donc près d’une vingtaine de grammes de moins qu’une qu’une Session 5… et 100g de moins qu’une GoPro Hero 9 ou 10 !
La DJI Action 2 est accompagnée d’un second module détachable, dont on reparlera un peu plus bas.
Sans surprise avec DJI, les finitions sont très soignées, ça respire la qualité avec un corps constitué d’un alliage en aluminium.
L’écran de la DJI Action 2
Grosse différence avec la Session : l’Action 2 dispose d’un écran tactile qualitatif donnant accès à tous les réglages, et bien sûr à un aperçu de ce qu’elle filme.
Quand on voit le nombre d’écrans arrière cassés sur les GoPro Hero, on comprend qu’il va falloir protéger cet écran un minimum pour éviter le drame.
La Session5 était beaucoup plus délicate à régler, et le seul moyen d’accéder à l’ensemble des paramètres était de passer par la très capricieuse App mobile, qui nécessitait parfois plusieurs minutes avant de réussir à se connecter, si bien qu’on ne touchait pas souvent aux réglages.
Et c’est sans parler de la récente mise à jour qui a tout bonnement supprimé l’accès aux réglages Protune, obligeant les utilisateurs à réinstaller un vieil APK.
DJI évite donc cet écueil : ajuster les réglages en live sur le terrain prend quelques secondes grâce à l’écran tactile. D’ailleurs l’App Mobile est aussi bien plus efficace.
Un champ de vision (FOV) immense
GoPro propose le Superview, utilisé par presque tous les Freestylers, qui permet de profiter de l’ensemble du capteur 4/3, dans un format 16/9, suite à un étirement horizontal non-linéaire. En résulte un effet de vitesse accru tout en minimisant les déformations au centre de l’image.
Avec la DJI Action 2, il faudra compter sur le champ de vision Ultra-Large (FOV Ultrawide), qui met à l’amende toutes les GoPro (hors 360). Le FOV est tellement large que c’en est un peu déstabilisant au début, mais très vite on s’y habitue et ce sont les GoPro qui paraissent étriquées. D’autres champs de vision moins larges sont évidemment disponibles.
A noter que ce champ de vision immense à un effet secondaire assez dur à décrire : il rend le pilotage plus propre 🤔 Il n’est évidemment pas question de stabilisation, mais le FOV est tellement grand que de petites imperfections se retrouvent plus « diluées » dans la quantité d’informations (et sans doute dans la déformation des bords). Au final, les vols paraissent un peu plus « lockés » qu’avec une GoPro.
Les 2 marques ont leur technique pour rendre nos vidéos plus intenses. A chacun de se faire son idée et trouver sa préférence. Le Superview est tellement imprimé dans l’inconscient du freestyler, l’Ultrawide nécessitera peut-être un peu de temps pour se démocratiser. Mais le fait que des pilotes comme Mr Steele, Le Drib, StingersSwarm, MeeKaaH et bien d’autres s’y soient convertis va sans doute y contribuer.
Le module secondaire
Pour le moment, nous n’avons parlé que du module caméra. Elle est en fait accompagnée d’un second module qui vient se greffer à la caméra via un système magnétique qui respire la qualité. Selon l’édition choisie, ce second module sera :
- Soit un simple module batterie, permettant de recharger la caméra et mettant à disposition un lecteur de carte SD (vers laquelle il sera possible de décharger la mémoire interne de la caméra)
- Soit un module plus avancé, proposant un second écran, en plus du reste des fonctionnalités du module « basique »
Ce second écran peut être utile pour avoir un retour vidéo dans le cadre d’un usage VLOG et pourra également faire office d’écran de secours en cas de casse du premier. A noter que le module avec écran est évidemment nettement plus cher et consomme plus de batterie.
La charge de la caméra par le module batterie est assez rapide : en moins de 10 minutes, on récupère 30% de charge. A peu de chose près, elle se recharge aussi vite qu’elle se vide.
Le transfert entre la mémoire interne et la carte SD n’est pas très rapide, sans être aussi lent que je le craignais : en 4K 30fps, un vol de 3-4 minutes est transféré en 1 min 30, pour 5 vols, on comptera en moyenne 7-8 minutes. Initialement, le transfert était beaucoup plus lent, une mise à jour est venue améliorer les choses.
Qualité vidéo
Si elle n’égale pas une GoPro Hero 10, la qualité d’image est quand même au rendez-vous. Les vidéos en Session5 semblent presque floues, comparées à celles de la DJI Action 2 : passage à la 4K, bitrate presque doublé, capteur plus grand… il n’y a pas photo.
Le profil couleur par défaut « Normal » est très saturé. Heureusement, un mode « D-Cinelike » est disponible, c’est l’équivalent du « Flat » de chez GoPro, sans pour autant l’égaler. On trouve les couleurs « Flat » de GoPro plus neutres et plus facile à exploiter en postprod.
En automatique, la caméra sort des images sympa, mais il faudra passer en Manuel pour en tirer le meilleur. Notamment, la gestion Automatique de la vitesse d’obturation n’est pas aussi efficace que chez GoPro : elle a tendance à faire varier l’exposition de manière trop importante et certaines zones peuvent ressortir trop sombres. L’idéal restera d’opter pour un réglage manuel du « shutter speed » en regardant l’écran de caméra.
L’Action 2 propose d’ailleurs un indice de lumination en temps réel permettant d’ajuster facilement l’exposition :
L’idée étant d’être autour de 0 EV (on recommandera même +0.3EV) en moyenne sur le spot. Sans oublier de placer le filtre ND devant la lentille (si on compte en utiliser un) au moment de faire les mesures.
La caméra est capable de réaliser de très bons ralentis : jusqu’à 240 fps en 1080p et 120 fps en 4K 16/9.
Elle gère assez bien la montée en sensibilité sans générer trop de bruit. Mais sauf besoin particulier, on évitera de la laisser aller au-delà de 1600 ISO.
La balance des blancs est également ajustable (automatique ou manuelle).
Un petit mot concernant la prise de son : l’Action 2 s’en sort plutôt bien, mais GoPro reste imbattable pour retranscrire le son des moteurs de nos quads.
Stabilisation (intégrée et en Post)
La DJI Action 2 propose plusieurs modes de stabilisation :
- Steady : la stabilisation la plus forte, qui crope généreusement dans l’image
- RockSteady : une stabilisation plus légère qui impact moins le FOV
- Horizon Balancing : qui stabilise en maintenant l’image à plat par rapport à l’horizon (dans une limite de 45°)
Si sur terre, la stabilisation semble faire son travail, nous avons été déçus de la stabilisation dans les airs. Sur des vols mouvementés, elle se débrouille pas trop mal, mais étonnamment, sur des vols calmes, de temps en temps on a le droit à des « sursauts » de stabilisation (en mode Steady ou RockSteady) qui créent une vibration là où il n’y en avait pas.
En comparaison, l’Hypersooth de GoPro est bien plus propre et discret.
Quant à l’Horizon Balancing, à part peut-être sur un cinewhoop avec un tilt très faible et dans des cas particuliers, il semble peu adapté à nos drones, les résultats ne sont pas fameux.
Malheureusement, l’Action 2 n’est pas facilement utilisable avec Gyroflow : il n’y a pas de fichier contenant les données gyro, ni de piste de sous-titres intégrée à la vidéo. Nous ne savons pas si ces données sont présentes dans la vidéo, en tout cas, pour le moment, elles ne sont pas disponibles. C’est très regrettable, Gyroflow aurait pu considérablement étendre ses usages.
Ergonomie et défauts
Le gros point noir, c’est la capacité de la batterie et la mémoire interne du module caméra assez limitées.
Soit environ 7 vols en 4K 30 fps. Sachant qu’avec une Session 5, la batterie permettait d’enchainer une bonne dizaine de vols.
Si on se donne la peine de vider le contenu de la mémoire interne vers la carte SD du module secondaire tout en la rechargeant, on doit pouvoir faire une vingtaine de vols. Mais ça nécessite de sortir la caméra de son support 2-3 fois durant la session, c’est une contrainte.
Mon retour d’expérience : généralement, je fais une dizaine de lipos par session, ce qui m’oblige à la sortir une fois en milieu de session et de faire une pause de 5 minutes. Dans la pratique, ce n’est pas gênant, et le gain en qualité/poids le justifie sans problème à mes yeux.
La première chose que j’ai faite après avoir acheté l’Action 2 a été de dessiner un support ergonomique qui faciliterait les manipulations de la caméra, pour tempérer cette contrainte.
Ce support est disponible sur Thingiverse s’il vous intéresse. Insérer ou extraire la caméra prend 2 secondes, il supporte les filtres ND TBS, l’écran est protégé tout en laissant visibles les informations importantes ainsi que le voyant d’enregistrement, le micro est protégé du vent et bien sûr, le FOV est totalement dégagé.
Ces questions d’ergonomie m’avaient initialement fait renoncer à cette caméra. Finalement, c’est moins contraignant que je ne le craignais. Mais pour quelqu’un qui veut enchaîner de nombreuses lipos sans pause ou sans devoir manipuler la caméra de toute la session, ça sera un peu plus embêtant.
Les bons réglages
Recommandations pour du Freestyle (essentiellement en extérieur, par temps correct) :
Résolution | 4K |
Images par seconde | 30 FPS |
FOV | Ultra-large |
Vitesse d’obturation | Fixe avec filtre ND adapté |
Sensibilité | 100-400 ISO, ou fixe |
Stabilisation | Aucune |
Couleurs | D-Cinelike |
Balance des blancs | 5000K |
Pour obtenir le meilleur résultat possible, il faudra faire la même chose qu’avec la plupart des caméras : verrouiller l’exposition et utiliser le profil de couleur « D-Cinelike ».
Réglage de l’exposition
L’usage d’un filtre ND reste recommandé pour obtenir le résultat souhaité en terme de flou de mouvement. Sans filtre ND, en journée, on est généralement obligé d’opter pour une vitesse d’obturation très haute, au point que la vidéo peu paraître saccadée. Voici quelques exemples qui illustrent différents exemples de combinaisons de filtres ND/shutter speed, pour une vidéo filmée à 30 images par secondes :
Il en ressort que :
- L’expo automatique engendre de trop grandes variations d’exposition, en particulier avec des zones trop sombres quand le ciel est aussi visible
- Au 1/60ième, dans le respect de la règle des 180° on obtient un flou de mouvement réaliste
- Au 1/120ième, on a moins de flou de mouvement et on gagne en netteté. Ca passe très bien aussi, c’est une affaire de préférence
- Au 1/240ième, on sent que la vitesse d’obturation est trop haute. La netteté est excellente, mais on perd vraiment en fluidité
La DJI Action 2 propose 2 approches de réglages concernant la sensibilité. On peut opter pour un paramétrage fixe (ex : 100 ISO), ou définir une plage (ex : 100-1600 ISO). Pour le moment, j’en tendance à laisser une sensibilité variable : les ISO monteront uniquement dans le cas de passages plus sombres, si je traverse un bâtiment par exemple. Dans la pratique, sur un vol en extérieur de plein jour, la sensibilité reste 95% du temps à sa valeur minimale. Si l’on souhaite complètement fixer l’exposition, on optera pour une valeur fixe.
Les autres réglages
Elle propose de la 4K, il n’y a évidemment aucune raison d’utiliser une résolution plus faible, sauf cas très particulier (ex: besoin de ralentis à 240 fps).
Le choix du profil de couleur « D-Cinelike » permettra de retoucher la colorimétrie en postproduction.
Concernant la balance des blancs, le mode automatique a l’air de faire du bon boulot, mais on préfère la verrouiller autour de 5000-5500K.
Le FOV Ultra-large est la signature de cette caméra, on ne peut que le conseiller. Mais si c’est « trop », il reste la possibilité de revenir en « Large ».
Exemple de vol Freestyle
Aperçu d’un vol Freestyle en 4K 30fps, FOV ultra-large, avec un filtre ND4, une vitesse d’obturation réglée au 1/120ième et une sensibilité à 100-400 ISO. Le profil de couleurs est « D-Cinelike » et la saturation a été augmentée en postprod :
L’artefact qui apparaît occasionnellement dans le ciel est à priori lié au verre trempé protecteur que j’ai ajouté.
Robustesse, DJI Care
La solidité est un critère important, surtout pour notre utilisation. Nous ne l’avons pas encore assez malmenée pour être catégorique, mais elle semble vraiment solide. MeeKaaH vole avec depuis un moment maintenant, il la malmène sans retenue et elle tient le choc. StingersSwarm la considère même comme la plus robuste dans son comparatif des Action Cams pour le FPV.
Néanmoins, le bloc lentille n’est pas aussi facile à remplacer que sur certaines GoPro et l’écran arrière est un point fragilité. On ne peut que recommander d’utiliser un support assurant un minimum de protection ainsi que de souscrire au DJI Care au moment d’activer la caméra (on peut également acheter la souscription en même temps que la caméra).
Le DJI Care, permet, pour 36€, d’accéder à un programme de remplacement de la caméra durant une période de 2 ans. Et ce, jusqu’à 3 échanges. En gros, tous les cas sont couverts, sauf la perte (il faut être en mesure de retourner la caméra cassée). Il faudra débourser une petite somme supplémentaire lors de chaque échange :
- 19€ pour le premier échange
- 32€ pour le second
- 39€ pour le 3ème
Il existe aussi, pour 25€, la possibilité de bénéficier du DJI Care pour une durée de 1 an, dans la limite de 2 échanges (le coût des échanges est identique).
Un prix qui pique ?
Oui, un peu : 399€ pour la version avec le module batterie basique et 469€ pour celui avec un second écran. La version basique est régulièrement en promotion à 359€ (c’est d’ailleurs le cas au moment de la parution de cet article).
C’est un prix comparable à celui des dernières GoPro Hero 10, qui offrent une qualité d’image légèrement supérieure, des batteries amovibles et différentes possibilités de stabilisations fiables. Par contre l’Action 2 réalise la prouesse de diviser le poids par 3 tout en proposant une qualité qui tient la route et un FOV exceptionnel.
Le tarif demandé n’est donc pas absurde, et se justifierait assez bien s’il n’y avait pas ces petits reproches concernant la stabilisation. En l’état, débourser plus de 300€ pour un usage essentiellement orienté Freestyle, ça commence à faire un peu cher.
Conclusion
Plus légère que la Session5 et offrant une bien meilleure qualité d’image, la DJI Action 2 est bel et bien l’option la plus adaptée pour le Freestyle. Le FOV Ultra-Large apporte un peu de fraicheur et de diversité là ou le Superview règne en maître depuis des années.
Elle n’est cependant pas 100% parfaite : les contraintes liées à la batterie et au stockage interne du module caméra, bien que nettement moins gênantes que prévues, sont à prendre en compte selon le rythme de vos sessions. Le prix peut aussi être un frein.
Enfin, pour un usage cinématique, difficile de lui trouver un réel intérêt : poids mis à part, les GoPro font mieux à tout point vue. La stabilisation intégrée est perfectible et l’absence de données gyro exploitables par Gyroflow la disqualifient.
Le retour de ce format est en tout cas une très bonne nouvelle, peut-être que cela donnera des idées à GoPro, ne sait-on jamais (des rumeurs circulent en ce moment !). En attendant, nous avons à notre disposition un nouvelle caméra parfaitement taillée pour le Freestyle, il était temps !